Très haut débit promis sur l’ensemble du territoire en 2022, mise en
réseau des métropoles françaises du numérique, développement d’aides aux
porteurs de projets... sur le front numérique, la France est à l’offensive.
Avec un objectif avoué : donner des armes aux entreprises de l’Hexagone
qui doivent prendre position dans la compétition mondiale.
« Au travers du Plan France très haut débit, le gouvernement entend faire
du très haut débit un vecteur de compétitivité pour nos entreprises, de
solidarité entre nos territoires mais également un vecteur d’inclusion pour nos
concitoyens. » Arnaud Montebourg, ministre de l'Économie, du Redressement
productif et du Numérique.
Dans le monde du numérique, savoir présenter son projet d’une façon aussi brève
qu’efficace fait partie des figures imposées pour les jeunes entrepreneurs. On
appelle ça un pitch. Pour promouvoir le concept de « French Tech », le
ministère a proposé un pitch pour cette initiative : elle doit permettre à
la France de se « positionner sur la carte du monde des principales
nations numériques. Il s’agit de favoriser l’émergence de champions de niveau
mondial, capables de passer, en quelques années, de quelques salariés à
plusieurs milliers voire à des dizaines de milliers d’emplois. » Permettre
aux start-up de bénéficier d’un environnement favorable pour se développer et
gagner des marchés à l’international, faire émerger des Entreprises de taille
intermédiaire dans le secteur : les objectifs sont là.
Valoriser la création d'un réseau de places fortes numériques
Pour ce faire, le gouvernement entend favoriser la création d’un réseau de
plusieurs places fortes numériques. Ce sont là ce que les pouvoirs publics ont
un temps baptisé quartiers numériques, désormais regroupés sous le vocable de
« French Tech ». Quelques métropoles à la vie numérique intense vont donc
tenter de répondre à l’appel à labellisation en cours. L’enjeu est de
taille : en intégrant cette « équipe de France » du numérique
qui devrait compter une quinzaine de membres, ces métropoles donneraient à
leurs entreprises innovantes les conditions d’un développement optimal.
Une opportunité économique considérable
Avec cette initiative, le gouvernement prouve qu’il fait du développement du
numérique l’une de ses priorités stratégiques. Ce qui répond aux souhaits des
acteurs du secteur qui cherchent depuis plusieurs années à montrer aux pouvoirs
publics combien il peut favoriser la création d’emplois. « Tout cela
correspond à la prise de conscience que le numérique a un potentiel économique
formidable, note Valérie Peugeot, vice-présidente au Conseil national du
numérique. Mais au-delà, il y a aussi l’idée qu’en s’introduisant dans
différents secteurs d’activité, le numérique va les faire évoluer. Et puis,
lorsqu’on prend à bras-le-corps ce secteur, on peut détenir un levier d’actions
de transformations sociétales, permettant d’agir aussi bien sur la préservation
de l’environnement que la lutte contre la pauvreté. »
Un potentiel immense à exploiter
Le champ des possibles apparaît donc immense. Levier de performance pour les
entreprises, outil favorisant le désenclavement des territoires, le numérique
peut également être une solution pour permettre aux entreprises de diffuser
leurs produits... C’est aussi une source d’innovation en soi : il n’est
qu’à voir par exemple le potentiel de l’économie des objets connectés.
Face à ces enjeux, les pouvoirs publics ont donc compris l’urgence qu’il y
avait à se positionner dans la compétition mondiale. Aux États- Unis, le
numérique a généré plus d’un point de croissance annuelle sur les trente
dernières années, moitié moins en France. C’est donc aujourd’hui autant un
potentiel à exploiter qu’un retard à combler qui incite la France à
s’engager.
Le très haut débit pour tous en 2022
Cet engagement passe en premier lieu par une couverture égale du territoire
en très haut débit. Un« Plan France très haut débit » a donc été
lancé en 2013. Il doit permettre une couverture totale du pays en 2022 et peut
se décliner en objectifs thématiques, comme celui d’un raccordement pour toutes
les écoles à la rentrée 2014. La fibre optique est privilégiée, secondée par
des technologies alternatives (satellite, montée en débit sur le réseau cuivre
actuel ou la 4G) pour les territoires les moins accessibles. Au total, 20
milliards d’euros devraient être nécessaires pour atteindre cet objectif,
répartis entre l’État, les collectivités locales et les opérateurs privés. Ces
derniers devraient apporter les deux tiers du montant. Cela représente 6
milliards d’euros d’investissement direct dans les zones les plus denses, et
donc les plus rentables, du territoire et progressivement 6 autres milliards
d’euros dans les zones moins denses, rurales, et périurbaines, qui seront
versés sous forme de redevance aux collectivités locales pour l’utilisation de
leurs réseaux. Le dernier tiers représente des subventions apportées par les
pouvoirs publics pour permettre un développement dans les zones peu
denses.
Déjà un succès
Ce plan qui prévoit 3,3 milliards d’euros de subventions de l’État aux collectivités est un succès : en mars 2014, plus de la moitié des départements français avaient déposé une demande. « Ce projet, comme l’indique Louis Gallois, Commissaire général à l’investissement, a lancé une véritable dynamique. L’Internet à haut débit va permettre d’ouvrir un nouvel espace et de créer un écosystème pour les collectivités et les entreprises. » L’intérêt de la fibre optique a bien été perçu par les territoires. C’est notamment le cas en Haute-Savoie où le Syndicat des énergies et de l’aménagement numérique (Syane) a lancé un vaste plan d’aménagement baptisé Haute- Savoie numérique (HSN). Intégré au Plan national, il connaît actuellement une première phase de déploiement dont le coût s’élève à 131,5 millions d’euros. La Caisse d’Epargne Rhône-Alpes en est le principal partenaire privé. Il vise notamment à installer sur le territoire 1 300 km de réseau de fibre optique. « Nous souhaitons avant tout assurer ainsi la défense de nos entreprises et de nos emplois, indique le président du Syane et sénateur de Haute-Savoie, Jean-Paul Amoudry. En parallèle, ce réseau devra être mis à disposition de l’ensemble des services publics du département. » D’ici 2018-2019, ce sont 90 % des entreprises de plus de six salariés, les sites d’enseignement supérieur et de recherche, les principaux bâtiments publics et de santé mais aussi près de la moitié des logements des particuliers qui devraient être couverts par le réseau HSN.